La charte
En décembre 1999, les maires des 11 villages partenaires ont signé la charte des villages ruraux d’Europe. Ils se sont retrouvés à Bruxelles le 7juin 2000 pour la présenter au Parlement Européen.
Préambule
Nous croyons que la vie de village est très importante pour l’avenir et la prospérité de l’Europe et que tout ce qui est possible doit être fait pour promouvoir cet objectif.
Est incorporé dans cette Charte l’importance du développement de la campagne, de la culture et de l’héritage culturel, de l’agriculture, du tourisme, du transport, de l’éducation et de l’économie.
Nous demandons à tous les conseils municipaux d’adopter cette Charte sur une base non- politique comme un premier pas en avant.
Les signataires de cette Charte se sentent responsables de la promotion de ces idées et s’engagent à prendre des initiatives pour en atteindre les objectifs.
Introduction
En 1996, alors que Copenhague est Capitale Culturelle d’Europe, Tommerup, village danois se déclare Village Culturel d’Europe. En 1999, après s’être fait marché sur les pieds pendant des années, le village hollandais Wijk aan Zee fait de même. Wijk aan Zee trouve une connexion avec des villages de 11 pays européens. Ils trouvent tous important de continuer cette initiative et ont demandé à Mellionnec de devenir Village Culturel d’Europe pour l’an 2000.
Ensemble ils veulent exprimer qu’en Europe, il n’y a pas que des villes mais aussi des villages.
- Chaque homme a son propre monde. Il est un individu (1).
- Chaque homme a un père et une mère, sa famille (2). Même s’il ne les connaît pas.
- Chaque homme a un environnement, ou il grandit et qu’il apprend à connaître. C’est son territoire (3).
- Tous ces mondes sont compris dans un grand monde qu’on appelle commune, département, région, état, Europe ou "le" Monde (4).
Le village est une forme ancienne du territoire à la mesure de l’homme. C’est le monde connu. Non seulement les choses mais aussi les gens y sont familiers. Quels que soient les changements du monde et les développements technologiques, il y aura toujours une différence entre le monde familier et le monde connu. C’est en ce sens que villages et villes ne se rapprocheront pas.
Quand tout ce qui est connu devient inconnu, on parle de déracinement. Notre époque en connaît beaucoup d’exemples.
Les politiques ont mis beaucoup d’énergie dans ce "quatrième" monde, ce monde inconnu. Ceci au dépends de l’attention pour le "territoire", ou une certaine structure informelle est nécessaire. Il n’y a pas assez de place pour celle-ci (ou cela). Il en résulte une indifférence de la part des villages qui ne sentent plus responsables et qui rendent les pouvoirs publics supérieurs responsables de tout ce qui ne va pas.
Beaucoup de villages se sont adaptés au développement urbain et pour survivre on pris des manières citadines au prix de leur propre identité. Ils sont devenus des banlieues résidentielles calmes et rangées de la ville.
Le monde vu sous l’angle d’un village
La culture urbaine est une culture de service. Tandis qu’au village il s’agit des individus.
Quant aux individus, ils sont plus dignes de confiance qu’on ne nous les dépeint. Au village, il y a de la place pour la rencontre.
Dans un "monde sans frontières" et à urbanisation à grande échelle, l’homme a besoin de son propre espace. Là ou tout est grand et uniforme naissent aliénation et déracinement. Si les communautés villageoises étaient traitées avec respect, le déracinement n’aurait pas nécessairement les conséquences graves qu’il a aujourd’hui et la prospérité pourrait être ressentie avec plus de force.
Comment nous voulons que le monde voie le village
1. L’économie villageoise
Il faut valoriser la petite entreprise indépendante. Non seulement elle est importante pour l’emploi mais aussi pour la structure sociale du village. Les villages ont besoin d’un niveau de services en harmonie avec les visions et les besoins de ses habitants.
2. Production de nourriture
Les agriculteurs ont toujours été des gens importants du village et de la campagne. En travaillant la terre, ils constituent l’un des premiers maillons de la chaîne alimentaire. Actuellement beaucoup d’entre eux quittent le pays ou cessent leur activité. Il faut convenir que la qualité de la nourriture dépend de la qualité des agriculteurs et pas seulement des "structures économiques".
3. Culture villageoise
La culture du village n’est généralement pas très coûteuse. Il s’agit souvent de la mise à disposition de structures et de matériels et de leur exploitation. Si ces structures sont inexistantes, les pouvoirs publics doivent aider en apportant des solutions sur mesure et non des schémas fixes.
4. Aménagement du territoire
Il y a des problèmes avec des promoteurs qui désirent installer des constructions dans des villages ou, selon les habitants, elles n’ont pas leur place. L’échelle des constructions existantes en corrélation avec le paysage environnant détermine le plan d’aménagement du village. Construction et gestion du paysage sont des sujets trop souvent dissociés.
5. Démocratie villageoise
Les partis politiques nationaux ne sont généralement pas impliqués dans la démocratie du village. Les limites qu’ils posent risquent d’empêcher les arrangements au sein du village. Les autorités communales, provinciales, nationales et européennes devraient prendre le temps de développer une politique adopter un comportement adéquat vis à vis de ce phénomène.
Les choix politique sont étroitement liés à la responsabilité et l’engagement personnels des habitants.
6. Vie sociale du village
Dans un village, les gens ne peuvent être catalogués comme consommateurs, piétons, célibataires, nécessiteux etc.… Dans un village, il n’y a pas de problèmes ou d’idées abstraits mais des problèmes et des idées liés aux gens eux-mêmes. Problèmes et solutions ont un visage. La cohésion sociale –ailleurs stimulée par des mesures gouvernementales- est la nature d’un village. Réglementations et soutiens des pouvoirs publics devraient se diriger entre autre vers ces données naturelles.
7. Village et nature
La nature se développe lentement, beaucoup plus lentement que l’activité humaine. Il est urgent de prendre des mesures de protection et de sauvegarde de la nature et de la biodiversité.
8. Village et monde
Les développements à grande échelle n’épargnent pas les villages. Ils subissent les conséquences des mesures infra structurelles prises à grande échelle concernant le trafic, l’industrie etc. … Les intérêts des villages ne sont pas subordonnés mais égaux aux autres intérêts de la société et méritent d’être pris en considération. L’utilisation de l’argument NIMBY 1 va à l’encontre du respect de cet intérêt.
1 Not in my back yard. Pas de ça chez moi.